Introduction
Lorsqu’une entreprise privée réalisant un chiffre d’affaires d’environ 40 millions de CHF prend une décision, concernant un média à utiliser, pour une somme de 90’000.- chf, elle va réfléchir à deux fois avant de se lancer. Deux questions en particulier sont importantes, que dire, et à qui ? Le préavis 47 proposé ne répond pas clairement à ces questions.
Le pourquoi
Après avoir fait la somme des médias utilisés, à satisfaction, jusqu’à aujourd’hui le préavis avance : « force est de constater que notre commune manque indubitablement de moyens permettant la diffusion rapide d’informations générales et d’intérêt public, mis à part un site internet moderne, revu dernièrement. » Malheureusement pour nous, en-dehors de la conviction intime de l’auteur du préavis, aucun élément concret d’information ne vient fonder ce constat, aucun exemple n’illustre cette situation de manque indubitable.
Si des voix se sont exprimées, dans le conseil communal en faveur de panneaux lumineux, il n’y pas eu, à mon souvenir, de décision du conseil communal concernant la pose de panneaux lumineux. Donc écrire, comme le fait le préavis, « à plusieurs reprises, le conseil communal a exprimé son désir de voir la commune de Crissier s’équiper de panneaux d’informations » est un abus de langage.
Nous retrouvons cette même relation singulière avec la vérité des faits et la confusion qui existe entre la démonstration d’un besoin, et son propre désir de voir ce besoin se réaliser. Des affirmations comme, par exemple, à Ecublens, « au vu du succès obtenu, et des réactions favorables de la population, l’offre existante a été complétée par deux unités en 2010 ». Concrètement, c’est quoi une réaction favorable, cela s’exprime comment ? Cela se mesure comment ? Quels sont les nouveaux besoins qui ont été satisfaits ? Il en va de même pour le test à Crissier : « Les bons échos reçus de la population montrent que cette initiative était judicieuse. » Aucun élément concret, factuel, chiffré, ne vient soutenir ces affirmations. Il ne s’agit là que d’impressions, de sentiments et de convictions qui nous sont présentés.
Le comment
Qui sont les lecteurs visés par ces informations ? Selon le préavis, le public cible des panneaux est notre population. La question de la pertinence d’utiliser des panneaux lumineux posés sur des axes routiers importants est légitime. Sur ces axes routiers, le public cible visé, à savoir la population de Crissier, ne représente qu’un faible pourcentage des usagers. Nous installons donc un instrument pour des gens à qui nous ne voulons pas parler. Le média n’est pas approprié. Ce sentiment est renforcé lorsque le préavis développe, continue et affirme « Ces différents critères ont permis d’identifier les solutions suivantes : des panneaux dynamiques, un service d’informations par e-mail et un service d’information par sms » Ce sont des démarches diamétralement opposées. Par les e-mails, les sms, nous savons à qui nous parlons, nous pouvons cibler la population de Crissier. 100 % des messages adressés le sont à la personne juste, à un citoyen de Crissier. Avec le panneau lumineux, le résultat est aléatoire et la probabilité de toucher la personne juste proche de nulle.
Enfin, le nombre de sociétés locales qui jugent ces panneaux utiles, voire nécessaire et qui en feraient (conditionnel) un usage régulier (souvent) est de 7, et 9 sociétés locales « ne pensent les servir qu’occasionnellement ». Or une année compte 365 jours, et la question se pose du rythme et de la fréquence des messages sur ces panneaux. Le risque existe qu’en cherchant à vouloir donner une image de dynamisme, nous atteignions l’effet inverse, à savoir qu’il ne se passe presque rien à Crissier. Que pendant de longues périodes ces panneaux soient éteints, qu’ensuite ils annoncent des activités qui auront lieu dans 20 à 30 jours, messages qui n’intéressent que peu son lecteur, parce qu’il est de passage, chaque jour à Crissier allant du boulot au dodo, ou le contraire, à moins qu’il ne conduise un camion, en livraison depuis la Suisse allemande, pour l’Ouest lausannois.
En outre, en matière de communication une règle dit que le média est le message. (Le médium est le message, Mc Luhan). Dans un contexte de fort développement de la communication qui voit de nouvelles applications offertes chaque jour aux utilisateurs, le panneau lumineux montre des signes de vieillissement, c’est une technologie ancienne. C’est l’image que les chalands auront de Crissier, pas le message.
La résolution
Malgré la modestie de la somme, de 90’000.-. chf, demandés pour ce préavis, la raison recommande un rejet de ce préavis. Le but d’informer la population de Crissier est louable, comme celui d’aider les sociétés locales. Par contre, le média utilisé, le panneau lumineux n’est pas pertinent. Il faut rejeter le préavis et chercher d’autres solutions.
Olivier Ramel, 4.11.13.